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Easter Island: Early Witnesses

Eugène Eyraud


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d'accord sur le nombre des lunes. Chose digne de remarque! ces sauvages montrent un extrême intérêt pour tout ce qui a trait à ces questions. Lorsque je parlais des mois, du lever du soleil, etc., tous s'approchaient, tous, jusqu'aux vieillards, venaient prendre place parmi les élèves. Même empressement quand je disais quelque chose de la correspondance épistolaire. Un jour, pendant que je faisais la classe, j'aperçus un navire. Espérant qu'il aborderait peut-être à la côte, j'entrai dans ma case pour écrire quelques lignes. Mes élèves m'examinaient attentivement de loin; ils s'imaginaient que j'étais doué de la faculté de parler avec les absents, et que j'en faisais usage. Dès que je revins vers eux, il me demandèrent quelle avait été ma conversation avec le navire.
   Faut-il parler de l'industrie de ces bons Kanacs? Leurs besoins si limités ne les stimulant en aucune manière, il est tout naturel qu'ils vivent dans l'oisiveté et l'insouciance. Cependant ils ne manquent pas d'adresse dans les doigts: ils tressent habilement la paille, travaillent facilement le fil, dont ils confectionnent des ceintures, des filets, etc. Ce fil se tire des tissus fibreux du purau. L'écorce du maute, battue et préparée, fournit l'étoffe dont ils se couvrent les épaules. Les doigts et la première pierre venue, voilà tous leurs instruments. Au surplus, ils ne savent pas se servir d'un instrument européen. S'agit-il de se couper la barbe? ils prendront une pierre tranchante. La pierre encore leur servira pour couper le fil, eussent-ils des ciseaux à la main. Ils aiment par-dessus tout à coudre; on leur fait un sensible plaisir en les gratifiant de quelques morceaux d'indienne pour raccommoder leur maute, qui prend bientôt l'aspect bigarré d'un habit d'arlequin.

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