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Easter Island: Early Witnesses

Eugène Eyraud


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   L'agriculture, je l'ai dit, ne demande pas de grands travaux. La fertilité du sol, quoique rocailleux, la périodicité des pluies, une chaleur tempérée, semblent rendre cette petite île susceptible de toute espèce de productions. Mes essais ont été peu nombreux. Les quelques légumes que j'ai semés ont bien réussi. Toutes les plantes que j'avais apportées auraient pu s'acclimater; mais une partie me fut volée par Torometi, qui les laissa sécher avant de les planter. Le petit terrain que j'avais cultivé a disparu peu à peu, foulé, ravagé par les voisins et les enfants. Ces essais suffisent toutefois pour montrer qu'il serait très-facile d'obtenir toutes les productions des latitudes moyennes. Les Kanacs n'ont pas besoin de tant de choses. Aussi l'agriculture, comme tout le reste, n'est-elle là qu'en germe. Lorsque le temps est venu de planter les patates, ils s'aident d'un bâton pointu pour faire un petit trou dans la terre; ils y déposent les pousses, et tout est fait. S'il s'agit d'une igname, ils amassent autour du pied un petit monceau de terre, et se reposent sur la Providence qui donnera l'accroissement. Jamais il ne leur est venu en pensée de remuer la terre, de l'arroser, etc.
   La nature laisse donc fort peu de choses à faire aux fortunés habitants de cette île. Cependant ils ne peuvent pas se dispenser de la cuisine; mais, sur ce point encore, peu de complications. On a bientôt cuit les éternelles patates: c'est le plat de tous les jours, l'invariable ordinaire des Kanacs, grands et petits. Il y a bien quelques poules, et, de loin en loin, on prendra quelques poissons; mais ces friands morceaux, toujours rares, sont le partage d'un petit nombre de privilégiés. La femme et les enfants, lorsque le mari s'est rassasié, pourront peut-être sucer

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