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ardeur. Huit jours étaient à peine écoulés, que les enfants de la classe s'écrièrent en me montrant un point noir à l'horizon: "Un navire!" En effet, c'était une goëlette qui avait cap sur l'île de Pâques. Je la suivis quelque temps des yeux; mais, en la voyant passer au sud, je crus qu'il en serait d'elle comme de quatre ou cinq autres navires que j'avais aperçus depuis neuf mois. La nuit arriva, je perdis de vue la goëlette, et je me couchai sans y penser davantage. Le lendemain matin, vers huit heures, arrive un enfant qui m'annonce que le navire est en face d'Anarova, et que Torometi me fait demander. Je pars à jeun, et je rencontre Torometi qui venait au-devant de moi. Le navire louvoyait pour aborder. A la vue du pavillon français, je rassurai les Kanacs, qui craignaient que ce ne fût un pirate. Nous suivions sur le rivage les bordées du navire, quand nous vîmes le canot se détacher. Torometi, sans attendre davantage, me prit sur ses épaules, m'emporta au canot, et je tombai dans les bras du P. Barnabé. Un instant après, nous étions sur la goëlette la Térésa-Ramos. Au P. Barnabé de vous raconter les incidents de son voyage et son arrivée à l'île de Pâques. Pour moi, quand il s'agira d'établir définitivement une mission dans cette île, je pourrai peut-être donner quelques avis utiles à ceux qui en seront chargés. En attendant, veuillez agréer, mon très-révérent Père, l'expression de mon profond respect, et l'assurance de mon entier dévouement dans les sacrés-Coeurs. F. Eugène EYRAUD. |
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