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jaunes, une plantation de robinia et un nombre considérable de lagenaria.
Un peu au milieu de l'étroit espace où nous sommes, nous avons cru distinguer sur un rocher les traces d'une inscription que nous n'avons pu relever.
C'est avec une peine inouïe que nous exécutons l'ascension du flanc sud-ouest du cratère où nous nous trouvons. Plusieurs chambres souterraines ont dû servir jadis aux insulaires lorsqu'ils venaient assister à l'élection de leurs chefs.
On pénètre dans ces chambres par une petite ouverture de soixante centimètres de haut; au centre, une autre ouverture couverte de dalles plates donnait accès à l'air ou à la fumée. Devant l'ouverture servant d'entrée, le terrain était déblayé et aplani. De chaque côté, des murs en pierres se reliaient à la façade des chambres souterraines. L'exploration du volcan terminée, nous revînmes à deux heures au village de Mataveri.
Quant aux productions naturelles de l'île de Pâques, il nous suffira de dire qu'à part les quelques animaux domestiques et les rares espèces végétales dont nous avons parlé, rien n'y mérite guère de fixer l'attention des naturalistes.
Toutefois nous croyons insister sur la fertilité de certains districts où les plantes utiles introduites par Dutrou-Bornier ont prospéré d'une manière remarquable, et répéter avec quelques-uns des voyageurs qui nous ont précédés, que l'avenir de cette île repose sur l'exploitation de l'industrie vinicole et la culture du tabac, du bananier, de la canne à sucre et du dracaena.
Il nous restait un devoir à remplir. Peu de temps après notre retour au village, nos hommes apportèrent la croix que Koreto nous avait demandée pour la tombe de Dutrou-Bornier.
Après nous être inclinés devant la douleur muette et le regard reconnaissant de la pauvre reine kanake, nous lui fîmes nos derniers adieux.
Quelques instants encore, et nous cinglion vers les rivages des Pomotu et de Taïti.
Alphonse PINART.
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