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Easter Island: Early Witnesses

Eugène Eyraud


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de variété, car le fond du débat était très-simple: pour moi, il s'agissait de ne pas me laisser détrousser tout-à-fait, ou du moins tout d'un coup; Torometi, lui, voulait en finir le plus tôt possible; et, tandis que je tâchais de traîner le siège en longueur, mon hôte profitait de toutes les occasions pour tenter quelque nouvel assaut. Torometi avait une fort mauvaise réputation, et elle me paraissait bien justifiée; toutefois j'ai lieu de croire que, si je fusse tombé en d'autres mains, je n'aurais pas été mieux traité. Tous ces Kanacs s'accusent réciproquement d'être voleurs: ils sont tous dans le vrai. S'il en est qui volent moins, c'est que l'occasion ou l'audace leur font défaut.
   Aussitôt après mon débarquement, Torometi, se considérant comme le propriétaire de ce que j'avais apporté, commença par s'adjuger tout ce qui n'était pas sous clef. Le lendemain, il fallut ouvrir toutes mes malles en sa présence, lui montrer les objets qu'elles renfermaient et lui en expliquer l'usage. Malheureusement il ne se contentait pas de regarder. Il aperçut une petite hache; aussitôt il s'en empara. Ce fut la matière de la première discussion; je résistai de mon mieux, sans parvenir à lui faire lâcher prise. Il n'y avait que cette hache dans l'île, et il tenait extrêmement à en faire l'acquisition. "D'ailleurs, me disait-il, je te la prêterai." Il fallut bien me résigner. Depuis ce moment, Torometi ne s'est jamais séparé de cette arme, et il s'en est servi pour m'amener à l'abandon successif de tout ce qu'il convoitait. A cette première revue, un autre objet excita sa curiosité et son envie: ce fut la cloche. J'eus toutes les peines du monde à en maintenir mon droit de propriété, et à placer la cloche au-dessus de ma cabane. Les redevances en nature, prélevées par mon gardien, devaient

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