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Easter Island: Early Witnesses

Eugène Eyraud


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   L'assemblage de tous ces morceaux de bois laissait à désirer, et puis il fallait calfater la barque. Je leur annonçai que ce dernier travail les regardait; et, comme ils prétendaient avoir une espèce de terre qui ferait un excellent mastic, ils se mirent à l'oeuvre. Je n'avais plus qu'une crainte, c'était d'être choisi pour commander le nouveau et dangereux navire. Le jour même, et avant que le mastic fût sec, on voulait lancer l'embarcation à l'eau. Je me refermai donc chez moi.
   Mais ils avaient résolu de rendre la fête complète. Se rappelant que les embarcations qui s'étaient quelquefois approchées de l'île, avaient des rameurs vêtus de chemises et de pantalons, ils songèrent à se mettre aussi en uniforme. Bien entendu, c'eût été à moi de fournir les costumes; et l'un d'eux, Teoni, eut l'audace d'entrer chez moi pour m'enlever mon pantalon. Poussé à bout, je saisis le voleur à bras-le-corps, et le jette à la porte. Je n'avais pas remarqué qu'il portait une hache, et me blessai au bras. Le sang qui coulait en abondance excita l'horreur des Kanacs, et Teoni se désista de ses prétentions. Je rentrai dans ma case, et de là j'examinai la mise à l'eau de ma barque. Traînée brusquement à travers les pierres, elle arriva bien vite sur le bord de la mer. C'était le moment décisif. Chacun veut mettre la main à l'oeuvre, et contribuer à l'opération si longtemps attendue. Mais, hélas! la joie fut de courte durée. A mesure que la barque entrait dans la mer, la mer entrait dans la barque, et bientôt elle se trouva remplie. Impossible d'aller plus loin. Adieu, promenades, excursions et expéditions de tous genres, rêvées par nos bons indigènes! Il fallut chercher d'autres distraction: elles ne devaient pas manquer.

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