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J'étais presque confus, tant de n'avoir pas réussi dans mon dessein, que de l'erreur dans laquelle j'étais tombée. Je comprenais que Torometi était dans le vrai, lorsqu'il m'annonçait que je ne reverrais rien de ce que j'avais cherché à emporter, et que les autres Kanacs ne valaient pas mieux que lui. Huit jours plus tard, j'allai à la recherche de mes malles. Hélas! la prophétie de Torometi s'accomplit à la lettre: je ne rapportai rien, que des malles vides et brisées. D'autres évènements se préparaient. Nous étions en septembre, et le Mataveri réunissait une grande partie de la population à trois ou quatre lieue de notre demeure. Torometi avait les yeux fixés sur ce point de réunion; c'était de là que devait partir le cooup qu'il redoutait depuis longtemps. Un des Kanacs, Tamateka, m'avait en effet donné à entendre que Torometi était l'objet d'une haine générale, et que ses méfaits lui attireraient un châtiment exemplaire. Un matin, je vois arriver Tamateka, suivi d'une foule de gens qui forment un rassemblement en face de la case de Torometi. Tout le monde parlait en même temps, la discussion s'échauffait, et, quoique je ne comprisse rien à ces harangues, il était aisé de voir que cela finirait mal. Je sortis de ma case, et m'assis à quelque distance. Torometi, de son côté, était sorti de sa hutte, et prenait à peine part à la discussion. J'avais bonne envie de m'éloigner de la bagarre; mais je tenais à ne point perdre de vue ma case, et à surveiller les démarches de la foule. Les choses prirent bientôt un aspect plus menaçant. Quelques-uns des plus hardis s'approchèrent de la case de Torometi, arrachèrent la paille qui la couvrait, et |
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