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essayèrent de la renverser. Aussitôt elle apparut tout en flammes; il faisait du vent: ce fut l'affaire de quelques minutes. Torometi était resté impassible, assis à côté de l'incendie; il fallut qu'un de ses amis le prît par le bras pour l'éloigner du feu qui allait l'atteindre. Je craignais que ma maison ne subît le même sort; heureusement on ne fit pas de tentative de ce genre, et même quelques Kanacs, armés de lances, se mirent à monter la garde alentour. Quand il ne resta plus rien de la case de Torometi, les meneurs, ayant aperçu la fameuse barque que j'avais construite, essayèrent, mais en vain, de la démolir. En ce moment, Torometi, entouré de quelques partisans, se disposait à s'éloigner du théâtre de son infortune. Pour moi, jusque là simple spectateur du conflit, je me trouvais en demeure de me prononcer. Torometi tenait à m'emmener avec lui; ses ennemis avaient des prétentions opposées. Je ne savais que faire. Mais, me rappelant combien peu m'avaient été profitables les tentative que j'avais faites pour me séparer de Torometi, je me décidai à le suivre. Nous nous dirigeons vers le Mataveri. La foule compacte et agitée nous accompagnait, et les discussions continuaient. J'étais au milieu de cette cohue, pressé de toutes parts et abasourdi de tant de tapage. Mon tour était venu. Tout-à-coup je me sens enlever mon chapeau, et au même instant deux ou trois bras vigoureux me débarrassent de mon paletot, de mon gilet, de mes souliers, etc., et les mettent en lambeaux. Je me trouvais vêtu à peu près comme mes voisins. Quand je pus jeter un coup d'oeil autour de moi, je vis mes détrousseurs nantis de mes dépouilles: l'un portait mon chapeau, l'autre les débris de mon paletot; |
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