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forts et bien faits. Leur figure se rapproche beaucoup plus du type européen que celle des autres insulaires de l'Océanie. Les Marquisiens sont, de tous les Kanacs, ceux qui ont avec eux la plus grande ressemblance. Leur couleur, quoique un peu cuivrée, ne s'éloigne pas non plus beaucoup du teint de l'Européen, et même un grand nombre sont entièrement blancs. Mais d'abord, et surtout à quelque distance, on ne sait que penser; car tous, hommes, femmes et enfants, ont le visage et tout le corps peint en mille manières, et ce tatouage jette dans l'illusion. C'est avec une espèce de terre délayée, ou avec le jus de certaines plantes, qu'ils se barbouillent ainsi; les femmes n'emploient que le rouge, les hommes emploient indistinctement toutes les couleurs. Daniel avait conclu à des dispositions hostiles, de ce qu'il n'avait reconnu la présence d'aucune femme au milieu de la foule. Mais il était dans l'erreur, et cette erreur s'explique. A première vue, tout le monde se ressemble, parce que tout le monde porte le même costume. Or, cet uniforme est de la plus grande simplicité: une bande d'étoffe de papyrus ou d'autre plante, qu'ils assujettissent par un cordon de cheveux, et dont ils se ceignent les reins, en fait les principaux frais. Un morceau de la même étoffe, mais plus grand, jeté sur les épaules et fixé autour du cou par les deux bouts, complète l'habillement. Voilà la tenue ordinaire des hommes et des femmes, et voilà aussi pourquoi, de loin, on ne les distingue pas. Il y a une différence pourtant. Le tissu dont les femmes se couvrent est fait ordinairement avec une sorte de paille; chez les hommes, il est d'une autre matière. Les hommes, après avoir ramené par derrière les extrémités de cette bande, les laissent pendre; |
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