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Easter Island: Early Witnesses

Eugène Eyraud


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   La nuit approchait, et je ne savais que devenir, lorsque Pana revint avec des gens armés de lances. Alors je me dirige à toutes jambes de leur côté. Ils s'interposent entre mes gardiens et moi, pour protéger ma fuite, et me recommandent de courir de mon mieux. Je m'en acquittai en conscience. Il était onze heures du soir quand je m'arrêtai avec mes protecteurs, qui avaient pu me rejoindre, et je me retirai avec eux dans une grotte, où des femmes nous apportèrent des pommes de terre. Là, nous trouvâmes un peu de repos.
   Au point du jour, nous nous remettons en marche, et nous arrivons à Anakena. Le navire était au large; il approche peu à peu; je lui fais des signaux, mais il n'a pas l'air de comprendre. Il louvoie et nous fait louvoyer le long de la côte, avec toute la population; nous n'en pouvions plus. Pana voulait retourner chez lui, et j'avais bien de la peine à le retenir, lorsque le navire s'éloigna pour ne plus se laisser voir. Je reviens alors sur mes pas, et, accompagné de quelques Kanacs, j'arrive avant la nuit à la cabane de la famille Pana.
   Ce fut un moment de profonde tristesse pour moi, quand je me vis délaissé dans cette île, sans ressource d'aucune espèce, et privé pour longtemps peut-être des moyens de pouvoir parler de la Religion à ces malheureux indigènes. Que le navire emportât mes effets, passe; mais ce qui était pour moi une perte irréparable et la cause principale d'un complet abattement, c'était de me voir dépourvu du seul objet qui eût pu me consoler de la perte de tout le reste, je veux dire un catéchisme tahitien, qui m'était indispensable pour enseigner aux Kanacs les prières et les premières vérités de la Religion. Mes catéchismes

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