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Easter Island: Early Witnesses

Eugène Eyraud


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   Trois fois par jour la cloche annonçait la prière. On se réunissait; je prononçais chaque mot de la prière, et les assistants le répétaient: c'était la prière proprement dite. Venait ensuite la classe, où l'on répétait les prières, le catéchisme, et où l'on apprenait à lire. En neuf mois et quelques jours, je n'ai pas fait de docteurs, on peut le croire; mais enfin, quelques Kanacs, tant garçons que filles, ont appris assez bien les principales prières et les mystères principaux de la Religion. Beaucoup ont commencé à épeler; il y en a cinq ou six qui lisent passablement. Ces résultats ne paraîtront peut-être pas très-brillants; mais il ne faut point oublier que ces pauvres gens n'avaient pas la moindre idée des choses que je devais leur enseigner, que leur langue manquait des mots nécessaires pour les nommer, et qu'en leur enseignant les prières, il me fallait apprendre leur langue, ce qui est plus difficile qu'on ne pense. Avec des sauvages, il n'y a pas de questions à faire, de renseignements à demander. Ils vous disent le nom de l'objet qu'ils ont présentement sous les yeux, mais n'allez pas plus loin; ne demandez pas le sens d'un mot que vous ne connaissez pas, encore moins une définition: c'est infiniment au-dessus de leur intelligence. Ils ne trouveront rien de mieux alors que de vous répondre en répétant la question.
   Pour obtenir ces minces résultats, il a fallu être, à chaque instant du jour, à la disposition de ces enfants, grands et petits. Soyez prêt ou ne le soyez pas, monsieur le professeur ou mon Frère le catéchiste, voici venir les écoliers. On frappe à la porte: si je sors immédiatement, c'est bien; on commencera la classe sur l'herbe, en face de la case. Que si je tarde un peu, ou si, croyant apercevoir chez les

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