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Easter Island: Early Witnesses

Eugène Eyraud


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elles cessent sur un point de l'île, elles commencent sur un autre. Le caractère de ces fêtes varie suivant la saison.
   En été, ce sont les Païna qui attirent toute la population. Chacun apporte sa nourriture pour le temps de la fête, surtout pour le dernier jour, jour de banquet. Toutes ces rations, placées sur une même ligne et recouvertes de branches, sont la pièce principale. Quand on a bien couru pendant plusieurs jours, quand on a fait, selon les règles de l'étiquette, toutes les évolutions voulues, vient le jour de la débâcle: on avale les patates ou les pommes de terre douces, puis on réunit en faisceau les branches qui les couvraient, et l'on en fait une espèce de colonne, de mât: c'est là ce que signifie le mot païna.
   L'automne et l'hiver sont la saison des pluies; les fêtes prennent un autre aspect. Aux païna succèdent les Areauti. Ce ne sont plus les grandes courses, les évolutions savantes, les succulents banquets de patates. On bâtit sur le lieu de la fête de grandes maisons, je veux dire des cases plus hautes que les cases ordinaires. Les maisons achevées, on se réunit par groupes, on se place sur deux lignes, et l'on chante. Que chante-t-on? Oh! je vous avoue que cette poésie est très-primitive, et surtout très-peu variée. L'événement qui a le plus frappé l'imagination est en général l'objet du chant. Ainsi une maladie s'est-elle introduite, la petite vérole, par exemple; c'est elle qui sera chantée aux areauti. Dans une fête, on attrapa mes brebis, on les rôtit et on les mangea; les brebis brûlées ont été chantées, je ne sais combien de temps. N'allez pas croire qu'on fasse des poëmes dans ces circonstances; on se contente de répéter tout simplement la chose, quelquefois le mot seul qui l'exprime, et on le

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