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Easter Island: Early Witnesses

Eugène Eyraud


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chante sur tous les tons, depuis le commencement de la fête jusqu'à la fin.
   Le printemps amène le Mataveri. C'est un espèce de champ-de-mars où l'on se réunit. La réunion dure deux mois, et l'on recommence à courir et à faire tous les exercices possibles. Le mataveri se relie au païna, que l'on voit reparaître avec l'été. C'est ainsi que les Kanacs font ce qu'ils peuvent pour chasser l'ennui.
   Naturellement ces fêtes sont l'occasion d'un étalage de luxe extraordinaire; chacun s'y rend avec ce qu'il a de plus précieux. Alors apparaissent les toilettes les plus excentriques. Les Kanacs ne se contentent plus du simple déshabillé dont j'ai parlé plus haut; ils mettent sur eux tout ce qu'ils peuvent se procurer. On se peint avec plus de soin, on recherche les services d'une main exercée dans l'art de fixer les couleurs, et de tracer sur le visage des lignes capricieuses, qui leur paraissent d'un effet merveilleux. Les femmes mettent leurs pendants d'oreilles: c'est là une des plus curieuses inventions de l'art de plaire. Elles commencent de bonne heure à se percer le lobe de l'oreille avec un morceau de bois pointu; peu à peu elles font entrer ce bois plus avant, et le trou s'agrandit; ensuite elles y introduisent un petit rouleau d'écorce, lequel, faisant l'office de ressort, se détend et dilate de plus en plus l'ouverture. Au bout de quelque temps, le lobe de l'oreille est devenu une mince courroie qui retombe sur l'épaule comme un ruban. Les jours de fête, on y introduit une énorme rouleau d'écorce; cela est d'une grâce parfaite. Du reste, c'est la mode; et ici, comme ailleurs, cette raison est sans réplique.
   Dans ces circonstances aussi, les ornements de

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