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Easter Island: Early Witnesses

Eugène Eyraud


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ils ne comprenaient rien à mon insouciance. Sur beaucoup d'autres points, notre désaccord était malheureusement plus complet encore. Je n'ai jamais pu m'accoutumer à l'odeur d'un certain jus de plante dont ils se frottent, eux et leurs habits. Jamais je n'ai pu dominer ma répugnance en les voyant avaler, avec l'adressse et le savoir-faire d'une poule, les nombreux insectes parasites qui logent dans le petit tissu dont ils se couvrent.
   Vous désireriez sans doute de nombreux détails sur la religion de nos insulaires. Autant que j'ai pu le reconnaître pendant neuf mois de séjour, la religion parait occuper une place très-minime dans leur vie. La connaissance trop imparfaite de la langue ne m'a pas permis, il est vrai, de faire sur ce sujet beaucoup de questions; mais, quoique j'aie toujours vécu avec eux dans la pluus grande familiarité, je n'ai pu surprendre aucun acte vraiment positif d'un culte religieux. Dans toutes les cases on trouve bien des statuettes, hautes d'une trentaine de centimètres, et représentant des figures d'hommes, de poissons, d'oiseaux, etc. Ce sont sans doute des idoles; mais je n'ai pas remarqué qu'on leur rendît aucune sorte d'honneur. Parfois j'ai vu les Kanacs prendre ces statuettes, les élever en l'air, faire quelques gestes, et accompagner le tout d'une espèce de danse et d'un chant insignifiant. Que se proposent-ils par là? Je crois qu'ils ne le savent guère. Ils font tout simplement ce qu'ils ont vu faire à leurs pères, sans porter plus loin leur pensée. Si vous leur demandez ce que cela signifie, ils vous répondront, comme pour leurs jeux, que telle est la mode du pays.
   Je n'ai pas vu non plus de rites religieux à l'occasion de la mort. Quand quelqu'un est malade, tout

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