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Easter Island: Early Witnesses

Alphonse Pinart


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à cet entretien. Elle nous pria d'écrire plusieurs lettres à Taïti, et aussi au commandant du Seignelay pour le prier de venir le lendemain.
   A huit heures nous quittâmes la régente; par ses soins une chambre nous avait été préparée, et nous nous disposion à y passer la nuit en attendant avec impatience le retour du jour.
   Dès le lendemain, Koreto nous conduisit à la tombe de Dutrou-Bornier, située sur une petite éminence à gauche du village, à côté d'un mât de pavillon où avait été hissé le drapeau français.
   Ce fut là que, accroupie sur la terre et les larmes dans la voix, elle nous demanda une croix pour la planter sur les restes de l'homme qui l'avait associée à sa vie et dont elle pleurait la mort.
   Bientôt, laissant la régente à sa douleur, nous nous acheminons une seconde fois, en compagnie de M. Thoulon, vers Vaiho, où nous devons fouiller un pakaopa. Ce pakaopa est en tout sembable à ceux que nous avons précédemment décrits.
   Sous les statues à présent couchées, la face reposant sur le bord supérieur de la terrasse, deux cadavres encore enveloppés de nattes liées aux deux extrémités avaient été déposés dans l'espace laissé vide au-dessous des statues. Cet espace était clos par un mur en pierres sèches.

Itinéraire de M. A. Pinart et des officiers du Seignelay (carte). A. Pinart's itinerary (map). 715x550 jpeg, 109.5k


   M. Lafontaine nous avait quittés pour aller visiter Kaou et en relever les points principaux, tandis que M. Berryer était resté au village afin de photographier les principaux types indigènes.
   Afin de transporter plus facilement nos trouvailles, les matelots qui nous avaient accompagnés imaginèrent d'attacher ensemble crânes et ossements, et après se les être partagés, de les suspendre à leur cou en forme de colliers. Rien de plus inaccoutumé et de plus pittoresque que de voir nos braves marins portant gravement cette parure d'un nouveau genre, et nous précéder dans ce costume funèbre vers le village. Craignant cependant d'effrayer les Kanakes, nous crûmes devoir contourner Mataveri et nous diriger vers le petit port de Hanga-Pika, afin d'y cacher nos richesses jusqu'au lendemain, sous les pierres et les décombres.
   Malgré nos précautions, les naturels nous avaient aperçus, et nous fûmes singulièrement étonnés peu de temps après de les voir venir vers nous, eux aussi porteurs d'ossements qu'ils nous cédèrent sans difficulté pour un peu de tabac.
   Le village de Mataveri se compose d'une trentaine de huttes bâties sur la même ligne et formant un carré au centre duquel est pratiquée une grande place.

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